Genève

Genève: 96 heures pour la finance durable

29.11.2021 18h00 Philippe Verdier

Building Bridges Image: Building Bridges - séance de préparation à Zurich, le 3 septembre 2021

Jusqu’au 2 décembre, la deuxième édition de Building Bridges tente de relever un défi: rassembler investisseurs et parties prenantes autour des objectifs de développement durable. Le secteur se développe mais l’avenir reste incertain.

Un sommet et 77 rencontres

L’édition initiale avait permis à différentes communautés de se réunir et d’engager les pistes en 2019. Banques, entreprises, Nations Unies, organisations internationales, ONG, gouvernements et universités se retrouvent deux ans plus tard avec l’objectif de passer à l’action, selon Patrick Odier, président de Building Bridges.

La première  journée est consacrée à un sommet avec en tête d’affiche des personnalités tels que le conseiller fédéral Ueli Maurer ou le patron de Roche, André Hoffmann. Du 30 novembre au 2 décembre, la Maison de la Paix et d’autres sites en ville verront se succéder 77 événements sous forme de table-ronde et discussions autour de thématiques variées et parfois inattendues.

Affronter les turbulences

Quasiment au même moment devait se dérouler la Conférence interministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce annulée en dernière minute en raison de la dégradation de la situation sanitaire. Building Bridges a pu maintenir ses engagements en y intégrant les nouvelles mesures sanitaires décidées par le Canton de Genève.

Alors que les ambitions étaient au plus haut en début d’automne, les résultats décevants de la COP 26 sont venus s’interposer dans la dynamique engagée.

Une annonce moins médiatisée a également dû être dépassée: Genève ne sera le hub de la finance durable qu’elle visait. Francfort (Allemagne) lui a été préférée pour devenir le nouveau centre d’établissement des normes comptables dans ce domaine. La décision de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) aurait voulu marquer le coup par le choix d’un lieu plus compatible avec l’Union Européenne qu’une ville suisse. La détermination des organisateurs doit donc redoubler parmi lesquels l’ancienne maire de Genève, Sandrine Salerno, directrice chez Sustainable Finance Geneva.

Mesurer les impacts

Plusieurs défis s'imposent à cette forme de la finance plus responsable et engagée. Elle doit se montrer inclusive et exemplaire. Les acteurs doivent œuvrer pour élargir le spectre de la finance verte, la finance durable embrasse les volets sociétaux, insiste Nadia Isler, directrice du SDG lab de l’ONU. Les enjeux climatiques et environnementaux ne doivent pas éclipser les questions d’égalité, d’éducation et de paix.

Afin de se prémunir des critiques, la régulation de ce marché doit aussi être en mesure de démontrer sa probité. Des outils reconnus doivent être capables d’évaluer les effets réels. Le volume d’investissement de la finance durable en Suisse est passé de 40 MIA de francs à 1520 MIA en 10 ans, selon Swiss Sustainable Finance. Mais les réels impacts sont encore trop faibles pour que la finance durable s’impose comme le modèle principal.