Genève

Jugé pour viol, Tariq Ramadan a été acquitté

24.05.2023 11h29 Rédaction avec ATS

Tariq ramadan

Tariq Ramadan a été acquitté mercredi par le Tribunal correctionnel de Genève. L'islamologue était accusé d'avoir violé et contraint sexuellement une femme, une nuit d'octobre 2008, dans la chambre d'un hôtel genevois. Un recours contre ce jugement est annoncé.

Le tribunal a relevé l'absence de preuve matérielle dans ce dossier. Pas de traces de sperme ou de sang, pas de constats de lésions traumatiques, pas d'images de vidéosurveillance. Par ailleurs, ont indiqué les juges, les témoignages indirects qui ont été recueillis ne permettent pas de se forger une opinion claire des faits.

Les seuls éléments concrets sont les nombreux messages que la plaignante a échangés avec l'islamologue et les écrits qu'elle a laissés sur des blogs, a souligné le tribunal. Celle qui dit avoir été violée par Tariq Ramadan a ainsi cherché à maintenir le contact avec lui, adressant des mots d'amour à celui qui l'aurait agressée.

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Ces messages avant et après les faits sont compatibles avec la version que Tariq Ramadan a donnée, a noté le tribunal. L'islamologue a toujours affirmé n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec la plaignante. Selon lui, il s'agit d'une femme éconduite et blessée qui aurait voulu se venger.

Contradictoires, les rapports des psychiatres n'ont pas été d'une grande aide non plus. «Le doute doit profiter à l'accusé», a rappelé le Tribunal correctionnel de Genève. Or, dans cette affaire, les juges ne sont pas parvenus à se déterminer sur la culpabilité du prévenu «au-delà de tout doute raisonnable».

«Verdict éclairé»

Tariq Ramadan n'a voulu faire aucun commentaire à la sortie du Palais de justice. C'est son avocate Yaël Hayat qui s'est exprimée. Elle a souligné le «verdict éclairé» rendu par le tribunal. Elle a aussi dit espérer que ce jugement aura des résonances. En France, Tariq Ramadan est accusé de viol par quatre femmes.

«Le Tribunal n'a pas manqué son rendez-vous avec la justice»

La stupeur régnait, en revanche, du côté des avocats de la plaignante, qui ont annoncé un recours. François Zimeray a dénoncé «une audience caricaturale, où la dignité a été absente», avec des juges qui n'ont «ni entendu ni respecté notre cliente», alors que son récit a toujours été «cohérent et constant».

La plaignante, une femme âgée aujourd'hui de 57 ans, que les médias ont surnommé Brigitte*, est sortie de la salle du tribunal quand le mot acquittement a été prononcé. Elle n'a pas supporté que le tribunal reprenne la version et les «éléments fabriqués» par Tariq Ramadan, a expliqué M.Zimeray.

Robert Assaël, autre avocat de Brigitte*, a insisté sur la partialité du tribunal. Tariq Ramadan n'a subi aucun recadrage de la part des juges et a pu parler comme s'il donnait une conférence. Rien de tel pour la plaignante, qui, à un moment donné, a été sommée de garder le silence, alors «qu'elle a mis dix ans pour en sortir».

«Notre cliente n'a été ni entendue, ni respectée»

Admiratrice inconditionnelle

La plaignante s'est convertie jeune à l'islam. Le Tribunal correctionnel de Genève a admis que cette femme était «pétrie d'admiration» devant Tariq Ramadan. Elle a adopté «une attitude séductrice» vis-à-vis de l'islamologue, alors que ce dernier, au contraire, est resté distant dans ses messages qu'il lui adressait.

Le premier procureur Adrian Holloway avait requis une peine de prison de trois ans, dont 18 mois ferme, à l'encontre du théologien pour viol et contrainte sexuelle.

Tariq Ramadan est le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans, Hassan el-Banna. Son père Saïd s'est réfugié en Suisse en 1954. Avant de devenir une figure médiatique, et de capter l'intérêt d'une partie de la jeunesse musulmane avec ses discours et son talent oratoire, Tariq Ramadan a enseigné quelques années à Genève.