Genève

Le président du PS désavoue Carole-Anne Kast

08.10.2024 17h49 Denis Palma, Jérémy Seydoux, Michel Thorimbert

SCHWEIZ SESSION GROSSRAT GENF Carole-Anne Kast dans la salle du Grand Conseil. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)

Contrairement aux affirmations du département des institutions et du numérique (DIN), le recrutement d’un soutien politique de Carole-Anne Kast a contourné les recommandations qui prévalent à l’État en matière d’embauche, révèle Léman Bleu. De son côté, le président du PS se désolidarise de sa conseillère d’État en invoquant la rupture du «principe déontologique d’égalité des chances».

Par soucis de transparence, Léman Bleu publie en fin d’article la fameuse directive interne transmise par l’Office du personnel de l’État.

Le recrutement d’un ancien élu socialiste à la tête d’un service, sans mise au concours du poste et en dépit de compétences professionnelles adaptées, fait réagir depuis jeudi. Le département des Institutions et du numérique (DIN) affirme que le cadre légal a été respecté, car l’homme a été engagé en qualité d’axillaire de l’État pour un emploi de cadre temporaire, un statut ne nécessitant pas de mise au concours. 

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Or, les directives de l’État en matière d’embauche obtenues par Léman Bleu ne disent pas tout à fait cela. Tout engagement doit suivre un processus clairement défini, qui va de l’ouverture du poste jusqu’à la mise au concours publique des candidatures. 

Recommandations pas suivies

«Ces lignes directrices s’appliquent à tout recrutement à des postes fixes, et – dans la mesure du possible - aux postes d’auxiliaires ou d’agents spécialisés, en particulier si la durée de l’engagement dépasse 3 mois», dit la directive transversale. Pour rappel, la mission du cadre en question durera au moins 10 mois et au maximum trois ans.

Le département persiste: «Nous avons fait preuve d'agilité et d'efficacité, sur la pertinente suggestion du directeur des ressources humaines, en tenant compte de la situation particulière de ce service et ainsi répondre à l'urgence.»

Le président se désolidarise

Depuis jeudi soir et la révélation de cette embauche controversée, Carole-Anne Kast fait face aux critiques de l’ensemble de la classe politique, y compris au sein de son propre camp. Léman Bleu et la RTS ont fait état du malaise interne suscité par ce recrutement. 

«Tout poste doit être ouvert pour donner à la population les mêmes chances. C’est un principe déontologique important pour le PS.» – Thomas Wenger

Pour la première fois, le président du Parti socialiste désavoue sa magistrate: «On parle d’un poste financé par l’argent public. Pour les Socialistes, tout poste qu’il soit fixe ou d’auxiliaire doit être ouvert pour donner à la population les mêmes chances d’être engagé. L’égalité des chances, c’est un principe déontologique important pour le PS.»

Carole-Anne Kast se défend

Jeudi dans la soirée, Carole-Anne Kast prenait la plume pour «rassurer» les 45 communes genevoises, considérant que l’homme «bénéficie d’une grande expérience de management et de conduite d’équipe et de fonctionnement des communes.»

Un courrier qui a surpris le magistrat PLR Jean-Pierre Pasquier, l’un des opposants politiques de Carole-Anne Kast dans son fief à Onex: «Dans le courrier, elle dit vouloir renforcer l’équipe dans la perspective des élections municipales de l’année prochaine. Or, s’agissant d’un ancien sympathisant du parti socialiste, cela m’interroge et m’inquiète. En particulier à Onex où la ministre des Institutions est encore très militante dans la campagne dans l’objectif de récupérer le siège socialiste perdu l’année dernière.»

«Privilégier l’efficacité de l’État à un potentiel risque d’image»

Dans l’émission Forum, Carole-Anne Kast relativise également la portée de cette embauche, puisque la mission du chef de secteur recruté sera limitée dans le temps «pour renforcer une équipe en difficulté.» 

La conseillère d’État vante enfin «son courage» à «privilégier l’efficacité de l’État à un potentiel risque d’image». Un argument qu’elle avait déjà avancé après la polémique suscitée par la nomination du père de Delphine Bachmann à la tête d’un office.