Marc Saudan: «Les médecins prennent leurs responsabilités, pas les assurances»
L’impasse entre les assureurs CSS et Helsana et les cliniques privées genevoises s’éternise. En réponse aux accusations de Pierre Maudet, le médecin et député LJS monte au créneau pour défendre les spécialistes.
Depuis janvier, les patients assurés auprès de CSS et Helsana ne sont plus remboursés pour des hospitalisations en division privée ou semi-privée dans les cliniques de la Colline, des Grangettes et de la Tour. Un bras de fer tarifaire oppose les établissements et les assureurs. Mardi soir, sur le plateau de Léman Bleu, Pierre Maudet déclarait que certains «médecins spécialistes se sont goinfrés au détriment des patients».
Marc Saudan rejette cette formulation et affirme que les médecins ont, eux, pris leurs responsabilités. «Une solution transitoire a été trouvée pour que les patients puissent être soignés malgré tout», explique-t-il. Les praticiens vont appliquer temporairement des tarifs approuvés par les assurances, alors que certains malades attendent depuis trois mois une opération.
Tarifs figés depuis 2012
Selon Marc Saudan, le modèle tarifaire atypique de l’AMGe est inspiré d'une grille tarifaire négociée en 2012 avec CSS et Assura et n’a jamais été réévalué. Une anomalie, dans un secteur où les coûts ont évolué. D’après lui, les honoraires ont déjà été abaissés de 20% depuis le 1er janvier.
«Est-ce que vous croyez vraiment que cela pèse face aux 430 millions de bénéfices de la CSS en 2024?», questionne-t-il. Le chirurgien pointe également le fait que les assurances complémentaires ne remboursent en moyenne que deux tiers de ce qu’elles perçoivent.
Vers un nouveau modèle
Une nouvelle table ronde est prévue sous l’égide de l’AMG pour élaborer un modèle de facturation alternatif, possiblement basé sur le système Medicalculis. Contrairement à la «single invoice» où la clinique centralise tous les paiements, le modèle «double invoice» permettrait aux médecins indépendants d’être directement rémunérés par les patients ou leurs assurances.
«Ce qu’on vit aujourd’hui, c’est une vraie Genferei», admet Marc Saudan. Mais il appelle au pragmatisme: «On a une responsabilité collective. Il faut sortir de l’idéologie pour trouver une solution viable et durable.»
Explications: le «double invoice»
Le modèle «double invoice» (facturation double) repose sur une séparation claire entre les prestations de la clinique et celles du médecin. Concrètement:
- La clinique facture ses services (chambre, matériel, soins infirmiers) à l’assurance.
- Le médecin, indépendant, adresse une facture séparée au patient ou directement à son assurance.
Ce système préserve l’indépendance des médecins tout en clarifiant les flux financiers. Il évite notamment que les cliniques avancent les honoraires médicaux, comme c’est le cas dans le modèle «single invoice», où elles se retrouvent à jouer le rôle de banque.