Meriam Mastour: «Le burkini est un vêtement comme un autre»
La présidente de l’association Petits Pas de Société et cofondatrice du collectif Les Foulards Violets, s’est exprimée sur le sujet du port du burkini. Elle dénonce un «non-sujet politique» et de la désinformation.
Le débat sur le burkini agite Genève. Meriam Mastour y voit une instrumentalisation politique et une désinformation autour de cette question, qui dépasse largement la seule communauté musulmane.
Meriam Mastour a réagi aux déclarations du député MCG Skender Salihi qui avait suggéré la création de bassins séparés pour les femmes souhaitant porter le burkini dans les piscines genevoises. Si la militante reconnaît que cette proposition pourrait répondre à une demande exprimée par certaines femmes en réaction aux politiques discriminatoires, elle la considère comme un constat d’échec du vivre-ensemble. Pour Meriam Mastour, Genève devrait plutôt mieux œuvrer pour l’inclusivité dans les espaces.
Un faux débat politique?
Pour la présidente des Petits Pas de Société, le burkini ne devrait même pas être un sujet de discussion politique. «On parle simplement d’un vêtement qui permet de participer à un loisir», rappelle-t-elle. Selon elle, les arguments avancés contre son port – qu’ils soient liés à l’hygiène, à la sécurité ou encore à la laïcité – relèvent davantage du fantasme et de la désinformation que d’une réalité objective. Elle rappelle que plusieurs rapports scientifiques confirment l’absence de danger lié aux maillots couvrants.
Meriam Mastour replace le débat dans un cadre plus large: celui de l’islamophobie genrée. «Les principales victimes du racisme anti-musulman sont les femmes», souligne-t-elle, insistant sur le fait qu’elles se trouvent au croisement de discriminations à la fois sexistes et racistes. Meriam Mastour considère la stigmatisation du burkini comme une manifestation supplémentaire de cette réalité.
Une problématique qui dépasse les femmes musulmanes
Au-delà du burkini, Meriam Mastour rappelle que de nombreuses autres personnes pourraient bénéficier d’une législation plus souple sur les tenues de bain : celles souffrant de maladies de peau, les femmes en post-partum, les personnes trans ou non-binaires, ou encore celles victimes de grossophobie. «On occulte toute une partie de la population qui aimerait aussi accéder aux bassins», regrette-t-elle.
Face à ces enjeux, Meriam Mastour milite pour des espaces de baignade véritablement inclusifs et non discriminatoires. Elle estime que les solutions proposées, comme des plages en non-mixité, ne sont qu’un symptôme d’un problème plus profond: la difficulté à vivre ensemble dans une société toujours plus divisée.