Noyade dans l'Arve: le récit du drame
En septembre 2022, deux personnes se noient dans l’Arve. Deux ans après, l’enquête pénale, consultée par Léman Bleu et la Tribune de Genève, fait la lumière sur le drame.
Le 1er septembre 2022. Elsa, 28 ans, se promène avec sa mère, comme elles le font souvent dans ce coin. Le chien de la jeune femme, Byron, descend vers la rivière où il a l’habitude de boire. Elle le rappelle à plusieurs reprises. Mais il ne revient pas. Elle descend vers lui, et c’est là qu’elle le voit trembler, les pattes dans l’eau. «Maman, le chien fait sa crise», dit-elle. Le canidé est sujet aux crises d’épilepsie. Elle pénètre dans les eaux troubles de l’Arve à partir d’une petite plage pour lui porter secours. Mais à son tour, elle se met à trembler sous les yeux de sa mère avant de tomber sur le côté et d’être immergée dans l’Arve.
Sa mère crie, appelle au secours. Ne sachant pas nager, elle ne saute pas dans l’eau. A proximité du lieu du drame, Olivier, 43 ans, fait son jogging. Il entend les cris de détresse et saute pour sauver Elsa. Il ne refera jamais surface.
Les premiers secours arrivent rapidement sur place. Deux policiers en civil d’abord, puis les pompiers et les ambulanciers. Tous sont dissuadés d’entrer dans l’eau: «Il y a de l’électricité dans l’eau», préviennent plusieurs témoins.
Un pompier gravement blessé
Sur les berges de l’Arve, toutes les recherches sont stoppées nettes. Mais elles se poursuivent dans les airs. Un hélicoptère de la REGA survole le site. La force du souffle du rotor de la machine provoque la chute d’un arbre. Plusieurs branches tombent sur un pompier professionnel. Blessé, il est inconscient et ne respire plus. Son pronostic vital et engagé. La scène est chaotique. Il finit par être évacué en vie par l’hélicoptère. Trois policiers en uniforme sont aussi légèrement blessés.
Sur les berges, les secours suspectent la présence d’électricité dans l’eau. Deux plongeurs, qui ont tenté de se mouiller, ont immédiatement senti des décharges électriques aux jambes. Appelés sur place, les SIG effectuent des mesures: ils confirment la présence de courant électrique dans l’eau. Tous les yeux convergent alors vers le répulseur situé à une dizaine de mètres. Il génère un courant électrique destiné à empêcher les poissons de remonter le canal vers l’usine électrique de Vessy.
Ce n’est qu’à 18h que le courant est finalement coupé permettant la reprise des recherches. Rapidement, les corps sans vie d’Elsa et Olivier sont retrouvés à l’intérieur du canal à quelques mètres l’un de l’autre sous 82 cm d’eau.
Lire aussi: Les SIG inculpés d’homicide par négligence