Genève

Olivier Jornot: «Je me sens nettement plus à même de remplir ma fonction»

10.06.2025 19h44 Rédaction

OJ

L’actuel procureur général Olivier Jornot brigue un troisième mandat à la tête du Ministère public genevois. Toujours motivé, le candidat assume une politique pénale ferme et reconnaît les failles d’une institution sous pression. Entretien.

Treize ans après son arrivée à la tête du Ministère public genevois, Olivier Jornot veut rempiler pour six ans. Un choix réfléchi. «Je ne me sens pas usé. Au contraire, je me sens plus apte que jamais à remplir cette fonction dans toute son ampleur», confie-t-il.

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L’ancien avocat assume sa longévité et balaie les critiques sur le manque d’alternance. «On ne demande jamais à un juge s’il doit partir après douze ans. Pourquoi le ferait-on avec un procureur?»

Une politique assumée

Critiqué pour sa ligne jugée parfois trop dure, Olivier Jornot répond sans détour: «Nous sommes une institution de répression. Pas un institut de médiation. Je revendique cette politique pénale répressive.»

À ceux qui le qualifient de «shérif», il répond: «C’est probablement exagéré». Il admet toutefois que son métier comprend, dans une certaine mesure, la dimension de «faire peur». «Le but est surtout de ne pas trop faire rire», ironise le procureur général.

A-t-il la main trop lourde? «C’est le tribunal qui tranche. Nous, nous ne pouvons qu’avoir parfois des enthousiasmes de début de procédure.» Olivier Jornot souligne qu’il appartient au Ministère public d’assumer «le fait de représenter l’accusation». 

Une justice souffrante, mais pas malade

Le procureur général ne cache pas les difficultés internes: dossiers en cascade, fatigue du personnel, lenteur des procédures. «Ce n’est pas une institution malade, mais une institution en souffrance», explique-t-il. Il appelle à plus de moyens: «Une justice incapable de répondre vite, c’est une justice qui faillit à sa mission.»

Sur le front sécuritaire, Olivier Jornot dit entendre «tous» les ras-le-bol: «Ceux qui disent qu’on en fait trop, ceux qui pensent qu’on n’en fait pas assez. Mon rôle, c’est de m’occuper de tout. C’est ce que la loi fédérale exige.»

Une candidature contestée

Au contraire de 2020, cette fois, Olivier Jornot aura un adversaire: Pierre Bayenet, son actuel collègue de gauche au Ministère public. Un défi inédit. «Il va falloir gérer cela avec doigté», reconnaît le procureur général, tout en refusant d’appeler à un retrait de candidature. «Chacun prend ses responsabilités. C’est la beauté d’une élection démocratique.»

Mais y a-t-il une différence entre un procureur de droite et un de gauche? «Dans l’exercice professionnel, non. Je vous mets au défi de reconnaître leur orientation à l’écoute de leurs réquisitions.». Pour Olivier Jornot, la seule différence réside chez les citoyens qu'ils restent, le dimanche, dans l'urne.