Olivier Jornot brigue un nouveau mandat de procureur général
Olivier Jornot brigue un nouveau mandat. Procureur général depuis 2012, le procureur général confirme sa volonté de briguer un nouveau mandat de six ans en 2026. Un choix salué par ses soutiens, mais critiqué par certains avocats qui pointent une forme d’usure et des dossiers mal gérés.
Dans une interview accordée au journal Le Temps, Olivier Jornot sort du bois: il sera candidat à sa propre succession lors des élections judiciaires de 2026. Après 14 ans à la tête du Ministère public, le magistrat affirme garder «le même enthousiasme et la même curiosité».
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Son entrée en fonction en 2012 coïncidait avec l’entrée en vigueur des nouveaux codes de procédure pénale et civile. Depuis, Genève a été secouée par plusieurs affaires sensibles: la condamnation de Pierre Maudet pour acceptation d’un avantage, l’affaire des écoutes illégales d’avocats, ou encore l’interpellation musclée de Simon Brandt, candidat PLR à la mairie.
Sang-froid, intelligence et maîtrise des dossiers
Malgré ces turbulences, ses soutiens lui reconnaissent sang-froid et maîtrise. «Il ne s’est jamais mêlé au débat, même dans les moments chauds», témoigne son ancien associé Me Malek Adjadj. «Un procureur général doit pouvoir absorber les crises sans fragiliser l’institution. Et je pense que c’est ce qu’il a fait.»
«Des ratés judiciaires»
Mais la critique gronde aussi. L’ancien bâtonnier François Canonica fustige «un autoritarisme marqué» et évoque des «ratés judiciaires», notamment dans l’affaire des écoutes. Il pointe aussi une justice à deux vitesses: «Un voleur de vélo est jugé dans la journée. Les gros dossiers financiers, eux, dorment dans les tiroirs.»
Pour François Canonica, le patron de la justice genevoise subit une forme d’usure du pouv: «Tout être humain s’érode à exercer les plus hautes fonctions. C’est pourquoi les règles de bonne gouvernance prévoient une rotation des postes.»
«Il faut de la continuité»
À l’inverse, Me Malek Adjadj défend le bilan du procureur général, notamment sur la transformation numérique de la justice : «Genève est un canton pilote pour Justicia 4.0. Cette réforme ne sera pas achevée d’ici 2026. Il faut de la continuité.»
L’élection de 2026 promet d’être disputée. Contrairement à 2020, elle ne sera pas tacite. Le procureur Pierre Bayenet a déjà annoncé sa candidature. Il avait déjà défié Jornot en 2014, récoltant 34% des voix.