Olivier Jornot atteste d’une fraude électorale à Vernier
EXCLUSIF – Après analyse, le procureur général conclut que les élections municipales à Vernier sont entachées d’irrégularités. Le Conseil d'État a été informé. La justice pourrait annuler le scrutin.
Le soupçon s’est transformé en évidence: il y a bien eu fraude électorale à Vernier lors de l’élection du Conseil municipal du 23 mars dernier. Léman Bleu révèle qu'Olivier Jornot, procureur général, a envoyé ses conclusions au Conseil d’État mardi soir.
Selon nos informations, l’analyse graphologique a bel et bien démontré qu’une part significative des bulletins de vote analysés présente des calligraphies similaires. Une société vaudoise avait été mandatée à cet effet pour passer au crible des centaines de bulletins de vote douteux. Quant à l'identité des fraudeurs présumés, elle serait encore à déterminer.
Candidats systématiquement favorisés
Contacté, le Ministère public ne fait aucun commentaire. De son côté, la Chancellerie s'est résolue à répondre à la presse cet après-midi.
Il faut dire que celle-ci se retrouve dans une situation embarrassante. Après les révélations de la Tribune de Genève, montrant des anomalies dans l’analyse des résultats du Conseil municipal à Vernier, la Chancellerie avait procédé à des contrôles et conclu que tout paraissait en ordre. Nos confrères avaient pourtant fait état de plus de 600 bulletins de Libertés et justice sociale (LJS) – un parti dont six candidats ont été élus – modifiés avec le biffage massif de certains noms et l’ajout systématique de trois candidates, issues d’autres partis (PS, PLR et MCG) et d’origines différentes.
Quelques jours plus tard, retournement de situation: Léman Bleu révélait le dépôt d'une dénonciation pénale par la Chancellerie, celle-ci ayant entre-temps pris connaissance de nouvelles informations de nature à relancer le doute.
Confiance dans le vote par correspondance entamée
Que va-t-il se passer maintenant? La Chambre constitutionnelle de la Cour de justice a accordé l’effet suspensif durant le temps de la procédure. À la lumière de ces nouveaux éléments, elle pourrait être amenée à annuler le scrutin, auquel cas de nouvelles élections seraient organisées prochainement. Jusqu’à nouvel ordre, la ville de Vernier fonctionne sans Conseil municipal.
Cette affaire jette une forme de discrédit sur le vote par correspondance, alors que la démocratie directe souffre déjà de taux de participation très bas à Genève. Cette méthode sera-t-elle maintenue alors qu’elle a permis cette fraude électorale? Autant de questions ouvertes.