Genève

Ville de Genève: engagements en famille et entre amis chez Frédérique Perler

03.04.2024 17h05 Jérémy Seydoux, Denis Palma, Michel Thorimbert

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Des soupçons de copinage pèsent sur une codirectrice du département de Frédérique Perler. Elle a engagé sa demi-soeur sans annoncer le lien de famille et embauché un couple venu de la région parisienne, révélait la semaine dernière la Tribune de Genève. Selon Léman Bleu, ces Parisiens sont des connaissances de la codirectrice. Une boîte aux lettres, chez le beau-père de la codirectrice, a été utilisée pour faciliter leur arrivée. Malgré cela, Frédérique Perler dit «maintenir sa confiance».

Des engagements en famille, entre amis et loin de Genève suscitent la polémique en ville de Genève. La codirectrice du département de Frédérique Perler a engagé sa demi-sœur sans annoncer de lien de famille. 

Elle a aussi engagé un couple de connaissances venu de Paris. Il y a 9 mois, Madame a été engagée comme urbaniste. Aujourd’hui, son petit ami s’apprête à rejoindre le département comme adjoint de direction. 

Depuis plusieurs semaines, l’affaire agite le bocal politique. En pleine séance du Conseil municipal, un jour avant que l’article de la Tribune de Genève ne sorte, l’élu MCG Daniel Sormanni interpellait la magistrate verte Frédérique Perler sur cette série d’engagements problématiques. Mutique, Frédérique Perler s’était cachée derrière «la protection de la personnalité» du collaborateur pour ne pas répondre. «On ne va pas en rester là, t’inquiète!», avait averti Daniel Sormanni. 

Boîte aux lettres chez le beau-père 

Comment ces recrutements ont-ils été rendus possibles? Le règlement de la Municipalité prévoit que les postes vacants sont en priorité accordés à l’interne et aux chômeurs genevois. Il prévoit aussi une zone de domiciliation fixe pour tout collaborateur de la ville. Cette zone s’étend au maximum jusqu’à Lausanne côté Suisse et jusqu’à Bonneville côté France. Au-delà, des dérogations sont accordées au cas par cas selon une procédure stricte. 

Selon Léman Bleu, la Parisienne engagée comme urbaniste il y a 9 mois a utilisé une boîte aux lettres comme adresse de domicile pour contourner le règlement. Une ferme, située à Genolier dans le canton de Vaud, qui appartient au beau-père de la codirectrice du département.

Ce n’est pas la première fois que cette adresse est utilisée. La codirectrice avait elle-même déjà annoncé cette adresse de domicile en 2019. Après avoir quitté un poste à Yverdon, elle devait se rapprocher de Genève pour répondre aux critères d’engagement de la Ville.

Aujourd’hui, le couple de Parisiens habite à Genève. La codirectrice est officiellement retournée habiter à Yverdon, après avoir obtenu sa dérogation.

«Manques de transparence»

À l’interne comme au sommet de l’administration, ces engagements ne passent pas. L’affaire est sur le bureau du Conseil administratif de la Ville de Genève, alerté depuis plusieurs semaines par des dénonciations anonymes de collaborateurs fâchés. Une enquête du contrôle financier interne (CFI) doit clarifier la situation. 

Jeudi, l’exécutif, divisé sur la question, a jugé nécessaire d’adresser un communiqué de presse: «Le Conseil regrette des manques de transparence ayant entaché certaines procédures de recrutement, plus spécifiquement en lien avec la gestion de conflits d’intérêts. Une fois ces situations dûment clarifiées, les mesures appropriées seront adoptées.»

Frédérique Perler maintient sa confiance en sa codirectrice 

De son côté, l’écologiste semble avoir déjà tourné la page. Dans un e-mail interne adressé à ses collaborateurs que Léman Bleu s’est procuré, la conseillère administrative indique que tous les processus de recrutement ont été menés dans les règles. «Toutes les personnes ont été engagées pour leurs compétences», justifie Frédérique Perler. 

Elle termine sa lettre en réitérant sa confiance en sa codirectrice, après un avertissement à peine déguisé adressé aux lanceurs d’alerte, rappelant à ses équipes leur obligation de veiller à la bonne image des services.

Contactée, la magistrate se refuse à tout commentaire supplémentaire. 

Gestion départementale controversée 

Frédérique Perler se retrouve à nouveau pointée pour des lacunes dans la gestion de son département. En 2022 déjà, la magistrate avait dû présenter ses excuses à la population pour «une erreur d’appréciation» dans l’affaire des marteaux-piqueurs. 

Le rapport d’une juge à la retraite pointait la cacophonie et la désorganisation de ses services. Un imbroglio administratif qui avait conduit des activistes à penser pouvoir légalement dégrapper une portion de bitume aux Pâquis et y planter un arbre.

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