Vote communautaire? le député socialiste Leonard Ferati réagit
Alors que des anomalies statistiques survenues à Vernier et Meyrin relancent le débat sur le vote communautaire, Leonard Ferati, député socialiste d’origine kosovare, appelle à la nuance et dénonce une «hypocrisie» dérangeante.
«Je n’utiliserai pas le terme de vote communautaire, mais plutôt celui de vote de proximité», précise d’emblée Leonard Ferati. Selon lui, il est naturel que des électeurs soutiennent des candidats qui leur ressemblent. «Dans ces communes suburbaines, on retrouve des habitants issus des communautés représentées sur les listes. C’est aussi cela, la démocratie locale», affirme-t-il.
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Le socialiste pointe une discrimination systémique qui perdure: «Les étrangers sont encore aujourd'hui beaucoup plus biffés sur les listes. Ils partent de plus bas, de plus loin… Ils doivent fournir des efforts supplémentaires pour être élus». Le député au Grand Conseil s’interroge aussi sur le timing du débat: «Pourquoi cela dérange maintenant, quand ces personnes accèdent enfin à des responsabilités?»
«Les candidats défendent des idées politiques»
L’idée de jouer la «carte communautaire» lorsque l’on est intégré pour capter des suffrages peut paraître paradoxal, concède Leonard Ferati. Il constate néanmoins que dans la typologie des profils des candidats concernés qui se sont présentés lors de ces élections municipales, on retrouve des personnes ancrées dans leurs communes et non sur-représentées en comparaison avec la population suisse. Le député rappelle que ces candidats engagés «défendent des idées politiques» avant tout.
Le socialiste dénonce une certaine hypocrisie politique: «Personne ne s’offusque quand des leaders de partis viennent draguer ces communautés lors de fêtes culturelles pour prendre des voix. Mais quand des personnes issues de ces milieux se présentent aux élections, cela devient un problème.»
À ceux qui dénoncent une instrumentalisation des origines, Leonard Ferati répond que ces candidats sont souvent bien intégrés et engagés localement: «Ils font des études supérieures, s’investissent dans les associations. On ne peut pas leur demander de renier leur identité.»
Enfin, il conteste toute intention d’un système organisé: «Il y a autant de personnes élues que non élues issues de la communauté albanaise. Il n’y a pas de logique systémique. »