Genève

Action au marteau piqueur: Perler présente ses excuses dans une lettre

29.06.2022 17h42 Rédaction

SCHWEIZ WAHLEN STADTRAT GENF SCHWEIZ WAHLEN STADTRAT GENF

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Soupçonnée de complicité en marge d’une action illégale de dégrappage de bitume aux Pâquis, la magistrate verte Frédérique Perler confirme l’ensemble des éléments révélés lundi soir. Elle donne sa version des faits dans un long message écrit adressé aux médias. En voici l’intégralité. 

MESSAGE DE FRÉDÉRIQUE PERLER

«En complément au communiqué diffusé ce 29 juin 2022 par le Conseil administratif de la Ville de Genève, je souhaite apporter un éclairage personnel au sujet du rassemblement organisé le 22 juin aux Pâquis. En effet, je me dois de donner une explication à la population et aux élu-e-s.

Actif-trafic m’a informée en amont de sa volonté de planter un arbre lors d’un rassemblement sur cinq places de parking, rue des Pâquis. En réponse, j’ai donné le soin à mes services « d’évaluer la faisabilité sur les plans technique et légal d’une telle action dans l’espace public dans un délai aussi restreint ».

Une séance a eu lieu à la mi-juin, avec l’objectif de dissuader les associations d’entreprendre cette action dangereuse en raison de la présence en sous-sol de canalisations sur le site envisagé. J’en ai eu des échos rassurants, la plantation d’arbre étant abandonnée, ce qui m’a grandement soulagée car ma priorité était d’éviter un accident. L’affaire me semblait close.

Les activistes ont compris qu’il leur était possible de dégrapper une portion de bitume des places de parking sur une faible profondeur. Ils ont sollicité la présidence du département pour s’assurer que je ne porterais pas plainte, ni n’alerterais la police en cas de passage à l’acte.

J’ai alors commis une erreur d’appréciation et je ne me suis pas opposée car, à ce moment précis, je ne mesurais pas l’impact concret d’une telle action. Je m’explique aujourd’hui ceci par le fait que mon esprit était encore dominé par le sentiment d’avoir évité un possible désastre. J’étais aussi rassurée par le caractère bon enfant de l’invitation à l’événement. Cet aval - qui a posteriori n’avait évidemment pas lieu d’être - a été relayé aux activistes.

Le mercredi 22 juin, en pleine séance du Conseil administratif, j’ai découvert avec stupéfaction le reportage photographique de 20minutes.ch montrant des marteaux-piqueurs en action. Sincèrement, ce n’était pas ce que j’avais imaginé.

Une majorité du conseil se dégageant pour un dépôt de plainte, destiné avant tout à préserver les intérêts de la Ville, je m’y suis ralliée en précisant que mon objectif était de que cette plainte puisse être retirée après négociation. Mon souhait était et reste d’éviter une logique de confrontation.

En résumé, j’étais véritablement inquiète quant à la possibilité d’un accident et la nécessité absolue de l’éviter. Et une fois cet objectif atteint, je reconnais que ma vigilance s’est relâchée.

Je prie toutes les personnes concernées par cette affaire, mes collègues et la population de m’en excuser. Je les prie de croire que mes intentions étaient intègres. Comme le reste du Conseil administratif, je m’engage à faire en sorte que cette affaire n’ait aucune conséquence pour le contribuable.

Je tiens aussi à exprimer ma compréhension au sujet de l’impatience de la population des Pâquis dont les problèmes actuels suscitent ma plus grande empathie et dont les attentes, notamment en matière de végétalisation, sont justifiées.

La désimperméabilisation des sols et l’arborisation des quartiers constituent des actions inscrites dans la Stratégie Climat de la Ville de Genève. Elles sont cruciales pour rendre notre tissu urbain plus résilient face au dérèglement climatique qui est malheureusement en cours.

Etant attachée au respect des institutions, j’estime que l’action citoyenne est bienvenue tant qu’elle se déroule dans un cadre légal et sans dégradation des biens publics. En effet, l’aménagement de l’espace public ne saurait être le fait d’initiatives individuelles. Il doit résulter de décisions démocratiques.»