Genève

Drame de l'Arve: inculpés, les SIG refusent des excuses aux familles

02.12.2024 18h25 J. Seydoux, D. Palma

Les Services Industriels de Genève (SIG) ont été mis en prévention ce lundi matin pour homicide par négligence dans le drame de l'Arve. Aujourd'hui, les familles ont été confrontées à un représentant des SIG, en présence du procureur général Olivier Jornot. Aucune excuse de la part de l'entreprise inculpée n'a été présentée. 

En septembre 2022, deux personnes ont été retrouvées sans vie dans le canal de fuite de l'usine hydroélectrique de Vessy, à l'emplacement du système de répulsion des poissons. Cette installation est soupçonnée d'être à l'origine des décès. Exploitée par les SIG, l'entreprise a été mise en prévention pour double homicide par négligence.

Il leur est ainsi reproché «d'avoir négligé, voire purement et simplement abandonné [la] maintenance et [l'] entretien [de l'installation]», peut-on lire dans le procès-verbal de ce jour. Confrontées pour la première fois au représentant des SIG en charge de l'audit interne, les familles des victimes demandent des comptes. 

«Absence de considération insupportable»

Le père de l'une des victimes a exprimé son souhait de voir les responsables sanctionnés. Or, depuis le drame, aucun employé des SIG n'a été suspendu en lien avec la procédure. Interpelé sur d’éventuelles mesures disciplinaires prises contre les collaborateurs impliqués dans ce drame, le représentant des SIG confirme que rien n’a été ouvert. «Je suis en colère et j’ai honte pour SIG», a tonné le père de la victime. 

Comparant l’attitude des SIG à celle de Swissair après le crash d’un avion à Halifax il y a plusieurs années, il explique que «le patron de la compagnie aérienne avait présenté ses condoléances, s'était exprimé, avait même offert une aide financière à ceux qui le souhaitaient. Pour les SIG, rien, pas un mot. Ce sont les familles qui payent leurs avocats deux ans après, sans un mot d’excuse. Cette absence de considération, cette banalisation, me sont insupportables». 

Condoléances, sympathie mais pas d'excuses

Le représentant du fournisseur d'énergie l'assure: «SIG va coopérer à 100% avec la justice. On souhaite que la vérité soit faite et les responsabilités fixées», mais il soulève parallèlement que «dans le dossier, il manque la cause racine. Est-ce des négligences ou bien d’autres choses qui ont conduit aux décès?». Une déclaration déconcertante compte tenu de l'enquête de police dont nous avions révélé les contours. 

«Ces deux personnes n'avaient pas à partir ce jour-là et l'attitude des SIG pour l'instant est tout à fait lunaire», regrette Me Thomas Barth, avocat de la famille d'Olivier, mort après avoir voulu porter secours à Elsa, la première victime. «On attend que la procédure mette au clair la responsabilité des SIG. J'espère que l'entreprise reviendra à de meilleurs sentiments car cela empêche les familles de faire leur deuil.»

Mais «condoléances et sympathie» sont les seuls mots prononcés par le représentant des SIG ce matin. Toujours aucune excuse. Le procureur général a même questionné: «Dans le mandat que les SIG vous ont confié, est-il prévu de présenter des excuses aux familles au nom de l’entreprise?» Réponse, après un long silence: non. 

Sollicitée pour une déclaration officielle, la porte-parole des SIG s'en tient à la position adoptée durant l'audience: «SIG pense aux familles des victimes à qui elle adresse ses sincères messages. SIG espère que cette instruction permettra de comprendre ce qui a mené à ce terrible drame, que la vérité ressorte et SIG assumera le cas échéant pleinement ses responsabilités.»

Lire aussi: notre dossier sur le drame de l'Arve