Genève

Affaire des écoutes: «À ce petit jeu de ping-pong, on voit bien où les choses vont en venir»

13.01.2023 19h27 Rédaction

Le Procureur général Olivier Jornot et la commandante de la police genevoise, Colonelle Monica Bonfanti ont répondu au courrier envoyé par le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Miguel Oural. Et le ton employé est assez sec. Me Bottge, concerné par l’affaire des écoutes, nous donne son point de vue.

«Je ne peux ni confirmer ni infirmer les faits que vous paraissez tenir pour acquis», a écrit le Procureur général dans une réponse datée du 22 décembre 2022. Manifestement agacé par la «tonalité» du courrier de Me Miguel Oural, il dit former le vœu d’un «retour à un mode de communication plus harmonieux.» Pour Me Didier Bottge, cette lettre «s’inscrit dans la droite ligne de la défense choisie par le Ministère public face à ce qu’il faut bien considérer comme un scandale absolu

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L’avocat rappelle que la ligne de conduite du Ministère public genevois a été exprimée dès le 7 novembre, lors de la suspension du procès de l’affaire des promoteurs. «Sa position est la suivante: ce n’est pas de notre faute, mais celle de la police, rappelle-t-il. Il y a un réel déport sur les autorités de police, ce qui laisse entrevoir une sacrée crise institutionnelle. Personnellement, je ne veux pas croire une seule seconde que l’on puisse avoir cette vision manichéenne.»

«Olivier Jornot s’est comporté comme un maître d’école»

Me Bottge ne mâche pas non plus ses mots envers l’intervention du bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Miguel Oural: «Je l’ai trouvée tout à fait en deçà de ce qu’elle aurait dû être. L’ordre des avocats, qui a tendance à s’occuper de tous les problèmes du monde, ferait bien de veiller à ce que ces dérives soient combattues avec la plus grande rigueur, ce qui n’est pas le cas. Il était logique que le Procureur Jornot réponde “circulez, il n'y a rien à voir”. Il s’est comporté comme un maître d’école qui vient sermonner un petit élève turbulent qui aurait osé lui rappeler les devoirs légaux.»

Dans cette lettre, la Colonelle Bonfanti rappelle qu’une enquête interne va être diligentée. «Je ne crois pas aux vertus des enquêtes internes ou autres commissions parlementaires», commente l’avocat. Pour lui, les échanges de lettres ne servent à rien. C’est sur le terrain judiciaire que cette affaire doit être réglée.«Les faits vont être dénoncés pénalement. Comme le Ministère public est juge et partie, il faut que l’on ait la désignation de procureurs extraordinaires extérieurs au canton, qui pourront traiter les choses en toute partialité.»