Genève

Affaire Bachmann: Carole-Anne Kast enguirlande son président de parti

16.03.2024 14h14 Jérémy Seydoux, Martin Esposito

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Carole-Anne Kast est fâchée contre son président. Elle le fait savoir dans un mail offensif où elle le traite de complotiste. Les députés et la direction du PS sont en copie. Thomas Wenger avait publiquement critiqué la position du Conseil d’État dans l’affaire Bachmann. 

Les rapports se tendent entre le président du parti, Thomas Wenger, et la conseillère d’État Carole-Anne Kast. À l’origine, la nomination du père de Delphine Bachmann à la tête de l’OCSIN. Dans la foulée de cette annonce, Thomas Wenger, surpris, déclarait qu’il souhaitait «entendre la conseillère d’État pour comprendre cette nomination» et regrettait des risques évidents de conflit d’intérêts. Le lendemain, sur Léman Bleu, Carole-Anne Kast l’accusait de vouloir «régler ses comptes».

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«Méthodes de complotistes»

Mais la brouille ne s’arrête pas là. Dans un e-mail a adressé à Thomas Wenger, copie au comité directeur du parti et aux députés, la magistrate va plus loin. 

Selon elle, il a fait fi de ses consignes, soit renvoyer les journalistes à la réponse officielle du département et «ne pas alimenter une polémique sur la place publique». «C’est clairement irrespectueux et inutile», tonne-t-elle.

Elle poursuit: «Je trouve cette manière de faire proche des méthodes de faire (sic) des populistes et complotistes que nous avons toujours combattus et je m’étonne que le président de mon parti en fasse usage.» 

«Ton intervention est problématique car elle entache ma légitimité, mes compétences et mon intégrité»

Rappelant la légalité de cette nomination, sa ligne de défense depuis le début de l’affaire, Carole-Anne Kast accuse son président de parti de ne pas réfléchir aux conséquences de ses déclarations: «Ton intervention est problématique car elle entache ma légitimité, mes compétences et mon intégrité. Le fait de laisser entendre que je serais inconsciente ou indifférente par le choix de ma nomination à de potentiels conflits d’intérêts implique que les offices dont j’ai la responsabilité pourraient être gérés de manière corruptible ou malhonnête avec des manques d’objectivité. Ce sont des sous-entendus très graves. Par ailleurs, cela met le doute sur la probité de l’État et sur le fait que le Conseil d’État respecte ou non la légalité.»

La magistrate ajoute que les fonctionnaires de son département ont peu goûté à sa prise de parole, créant le sentiment que sa famille politique «hurle avec les loups aux côtés des partis dont le but est de détruire l’État». Contacté, Thomas Wenger n’a pas souhaité faire de commentaire.

Thomas Wenger candidat à sa réélection 

Pour conclure, elle rappelle le besoin «de concertation entre les instances du parti» et espère un changement dans les relations «à la présidence du parti». Une déclaration loin d’être anodine. Carole-Anne Kast ne soutient pas la candidature de Thomas Wenger à la présidence du parti. La conseillère d’État verrait plutôt la co-présidence de Salma Selle et Pascal Holenweg à la tête de la section genevoise. 

Le congrès du Parti socialiste est convoqué samedi prochain pour élire ou réélire la future présidence du parti.

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