Genève

Il n’y aura plus de Salon de l’auto à Genève

31.05.2024 14h00 Martin Esposito, Gilles Miélot

Les halles de Palexpo n’accueilleront plus le Salon international de l’automobile de Genève. Le Conseil de la Fondation du salon tire la prise. La crise du Covid et les nombreuses incertitudes auront eu raison d’un des plus grands évènements automobiles.

C’est fini pour le Salon de Genève. Pourtant dans le top 5 des plus grands évènements automobiles au monde, le Covid, les incertitudes liées aux constructeurs et la perte d’attrait des salons européens ont poussé le Conseil de la Fondation du salon à tout arrêter.

«L’industrie automobile nous fait comprendre qu’elle n’a plus besoin d’un grand salon à Genève, commente Alexandre de Senarclens, président du Conseil de la Fondation du salon. Nous avons le sentiment que nous allons contre le marché. Dans ces conditions, il n’est pas responsable de continuer à investir dans des éditions à venir qui seraient déficitaires.»

Une édition réduite et puis s'en va

Créé en 1905, l’évènement dépasse les 500'000 visiteurs en 1967. En 1982, il investit Palexpo. Le Salon connaît son apogée en 2005. Cette année-là, 747’000 visiteurs se pressent à Palexpo pour découvrir en première mondiale l’Alpha Romeo Brera et la Citröen C6. 

Trois ans plus tard, la crise boursière puis financière touche directement les constructeurs automobiles et les clients. Premier avertissement pour les salons, Genève garde toutefois sa stature auprès des fabricants. La fréquentation baisse lentement mais sûrement. 

En 2020, le Covid pousse les organisateurs à annuler. Après trois tentatives, le Salon de Genève rouvre ses portes en février dernier. C’est un échec. L’édition réduite sur une semaine attire peu de constructeurs d’abord. La Renault 5 E-tech electric et le Dacia Duster III sont présentés, mais en face les constructeurs chinois dont BYD ne provoquent pas l’effet Waouh. L’exposition de voitures légendaires, la Classic gallery, semble banale. Et le public ne se presse pas, seulement 168’000 personnes se rendent à Palexpo.

À la suite de cette 90e édition, Alexandre de Senarclens déclarait sur Léman Bleu sa satisfaction et promettait le retour des grands constructeurs. Raté. Le Salon de Genève est mort et enterré. 

Un temple de l'automobile s'effondre

Au-delà de l’évènement et de sa renommée mondiale, c’est un monument de l’histoire automobile qui s’arrête. Durant plus d’un siècle, le Salon de Genève a été la rampe de lancement de voitures iconiques, révolutionnaires ou inaccessibles. 

On pourrait citer la Jaguar Type E, plus belle voiture du monde selon Enzo Ferrari. La Citröen SM, voiture française ultime dixit le journaliste automobile Jeremy Clarkson. Les Ferrari F50 et LaFerrari, les McLaren P1 et Senna, L’Aston Martin V8 Vantage, la Lamborghini Huracan: toutes ces supercars ont toutes été dévoilées à Genève. La Voiture Noire, sans doute la Bugatti la plus chère et la plus exclusive (1 exemplaire) est une aussi un première mondiale genevoise. 

Tout comme la Volkswagen XL1, objet roulant non identifié consommant 1 litre aux 100 kilomètres. Le concept car de la Renault Avantime, essai haut-de-gamme et accident industriel été présenté à Genève. Les premiers prototypes des futures Mini ont été dévoilés dans les halles de Palexpo, avant d’envahir les routes du bout du lac. Enfin, la Peugeot 208 II, véritable carton à l’échelle européenne, a été aperçue pour la première fois à Genève.

Ainsi se ferme une page. Seule relique, la sous-licence du GIMS au Qatar, lancée en 2023. Après un premier essai rassemblant 180’000 visiteurs, sa deuxième édition aura lieu à l’automne 2025 à Doha. Les halles de Palexpo sembleront, elles, bien vides une fois le printemps revenu.